Comment (bien) rater sa conception participative dans l’immobilier

Sur le papier, la préparation d’un programme promoteur à la sauce participative semble sensée et plutôt appétissante. Dans la réalité, c’est souvent beaucoup plus compliqué. Comme cette méthode nous tient particulièrement à cœur chez Ekinov et qu’on y croit à 300%, on a repris les bases : définitions, enjeux et surtout tout ce qu’il faut… NE PAS faire pour réussir. 

Oui, c’est un raisonnement inversé qui nous plaît, la Face B du manuel, le Mister Hyde du parfait petit guide. Vous aussi, vous voulez rater vos projets en vous laissant dépasser par la méthode participative, toute bien intentionnée soit-elle ? Suivez l’anti-guide ! Qu’il serve de paratonnerre 🙂

Mais de quoi on parle ?

Quand on parle de méthode participative, on a vite fait de se prendre les pieds dans le tapis, tellement le champ lexical est un champ de mine. Voici quelques explications.

  • la co-conception : ce terme revient particulièrement dans le cadre de nouveaux types d’habitats, où des habitants qui se ressemblent s’assemblent pour vivre ensemble. Ils co-tout : co-conçoivent, co-construisent, cohabitent… La maîtrise d’ouvrage se fait à plusieurs. 

→ l’avis d’ekinov : Si vous voulez augmenter vos chances de tuer votre projet dans l’œuf, c’est LA méthode à privilégier pour votre projet promoteur. Ça marche dans certains écoquartiers en Allemagne, à Strasbourg, et puis c’est tout. Si vos futurs copropriétaires sont des moines tibétains, foncez.

  • la méthode collaborative : ici, plusieurs personnes partagent le pouvoir décisionnel : le maître d’ouvrage, mais aussi un collectif d’usagers et de futurs habitants. Chacun est partie prenante des décisions, selon un processus prédéfini. 

→ l’avis d’ekinov : À choisir d’urgence pour maximiser les complications et les déceptions. Là encore, on tient une méthode séduisante qui risque fort de se casser la figure passée la première réunion d’information. Difficile d’avancer quand tout le monde a le pouvoir de décider.

  • la méthode participative : le maître d’ouvrage garde tout son pouvoir décisionnel. En revanche, il prend le temps en amont de son programme promoteur de rassembler des experts, des usagers et des élus pour recueillir des avis, des besoins et donner des explications.

→ l’avis d’ekinov : Testé et approuvé. C’est ce que l’on a trouvé de mieux pour aboutir à des solutions originales et concrètes issues de l’intelligence collective sans sacrifier l’efficacité.

Mais pourquoi parler de ça ?

La méthode participative répond à une tripotée d’enjeux et objectifs tous plus importants les uns que les autres. Pourquoi la choisir ?

  • Parce qu’elle fait la part belle à la créativité et permet de trouver des solutions que l’on aurait même pas imaginé en rêve. 
  • Parce qu’elle place l’usager au cœur de la réflexion et garantit de rester dans du concret, au plus proche du terrain.
  • Pour construire un produit immobilier adapté aux besoins, où les gens auront vraiment envie d’acheter et vraiment envie de vivre. C’est du pur gagnant gagnant promoteur usager.
  • Pour rencontrer dans les ateliers de travail de futurs prospects. C’est le promoteur qui parle : le bouche-à-oreille est un levier important lors de la commercialisation – qui mieux que les personnes qui ont imaginé le projet pour en parler en bien ?
  • Pour désamorcer les risques de recours. Et c’est encore le promoteur qui parle : communiquer sincèrement, impliquer et informer est le meilleur moyen de réduire le risque de recours en justice après le dépôt du permis. Que du bonus.

Les facteurs clés d’échec

Voici nos meilleurs anti-tips pour que la méthode participative parte à vau l’eau.

L’organisation

  • Prendre la gouvernance projet par dessus la jambe

… et y aller tranquilou sur les ordres du jour et autres cadrages. Dans méthode participative, il y a méthode : la rigueur est indispensable pour canaliser les intervenants et piloter le projet en toute cohérence. 

  • Gérer seul, façon héro Marvel

L’idée du siècle ? Tout confier à Jean-Luc. Jean-Luc sait faire. Jean-Luc se débrouille toujours. Sauf que non : il faut au minimum Jean ET Luc. Une équipe projet pluridisciplinaire avec une vingtaine d’experts et d’interlocuteurs techniques à consulter, sans compter les usagers, se pilote au minimum à deux. Une personne pour coordonner la partie opérationnelle (l’avancée du projet avec les experts) et une autre pour la partie usagers et transaction (la communication avec les élus et les citoyens).

  • Faire ressembler sa maîtrise d’ouvrage à une auberge espagnole

Bonus pour le combo municipalité / métropole. Et double bonus si la répartition des rôles n’est pas claire ou n’est pas respectée – à ce stade, on peut parler d’auto-savonnage de planche. Mieux vaut réduire le nombre de décisionnaires et réguler les élans interventionnistes de chacun.

  • Mélanger et multiplier tous les types de réunion façon migouri du dimanche soir

…sans les phaser et surtout sans bien définir de livrables ou d’objectifs respectifs. On compte trois étapes clés :

  1. Un temps de travail pour recueillir et croiser les regards des experts, des partenaires et des associés maîtres d’ouvrage. 
  2. Un temps d’implication où l’on fait entrer dans la réflexion des intervenants extérieurs comme des habitants ou des élus. De la pure démarche participative !
  3. Un temps de communication auprès du territoire concerné et des citoyens qui y vivent. 

Certaines réunions servent purement et simplement à informer. D’autres sont des ateliers participatifs, et d’autres encore des réunions de conception où les experts et décisionnaires intègrent les retours des ateliers pour concevoir un produit immobilier conforme. On ne mélange pas les torchons et les serviettes !

  • Se lancer dans un atelier participatif façon séance d’impro

… et oublier allègrement qu’il existe un merveilleux outil nommé calendrier opérationnel. Ne pas fournir de fil conducteur, issu d’un arbitrage expert, c’est faire perdre beaucoup de temps à tout le monde. Poser les bonnes questions, c’est déjà s’assurer de bien pouvoir exploiter les réponses.

L’implication des participants

  • Se prendre pour un cirque ambulant

et uniquement miser sur quelques affiches A4 et un mégaphone à l’heure de la sieste pour attirer les usagers dans ses filets. Faire venir les bonnes personnes nécessite d’être sur place, de se nourrir de la vie de quartier et de parler aux commerçants. 

Autre façon d’être sûr de rester seul face à son paperboard : oublier de se présenter, et ne surtout pas utiliser les réseaux sociaux ! Car oui, créer un groupe Facebook ou Whatsapp pour informer les habitants du quartier est une excellente idée.

  • Ateliers : tout miser sur l’affect et les émotions. 

Encourager les lamentations et états d’âme de chacun, c’est tendre le bâton pour se faire battre. Essayez plutôt une écoute active, puis une redirection ferme vers les vrais sujets à traiter. La partie défouloir est importante, mais contreproductive si elle dure plus de 10 minutes.

Les outils

  • Noyer tout le monde sous des questionnaires en ligne.

Et pourquoi pas confier la méthode participative à un robot tant qu’on y est ? Utilisez les questionnaires avec parcimonie et pensez plutôt à des outils digitaux interactifs comme Klaxoon qui permet d’avoir un tableau de bord commun sur lequel contribuer et à consulter plus tard. D’autres solutions open source existent, comme par exemple Miro.

  • Ne jurer que par le digital

On est d’accord, les feuilles volantes, c’est l’enfer pour recueillir des idées. Personne ne peut rebondir, personne n’interagit. Si vous cherchez à vous compliquer la vie et polluer la planète, allez-y. En revanche, le papier (recyclé) peut-être hyper intéressant pour ce qu’on appelle le Design Thinking. Faire dessiner son logement idéal à quelqu’un, surtout s’il est moins à l’aise en français ou à l’oral, est un révélateur de besoins impressionnant.

L’animation

  • Vendre du rêve. 

Vous voulez décevoir les usagers ? Construisez-leur des châteaux en Espagne et omettez de mentionner les contraintes et paramètres que vous ne maitrisez pas. 

  • Faire les questions et les réponses. 

Pour échouer, mettre des gens dans des cases et s’imaginer leurs besoins à leur place est redoutablement efficace. Deux choses à garder en tête : 1. les ateliers sont de vrais laboratoires 2. les mentalités changent, les contextes évoluent. Ouvrez les écoutilles !

  • Partir défaitiste et misanthrope.

C’est bien connu, “les gens” ne pensent qu’à eux et patati et patata. Ce facteur clé de défaite n’est pas à sous-estimer. Au contraire, incitez les gens à se mettre à la place de l’autre, par exemple en leur demandant de décrire le logement idéal de leur voisin, et vous aurez de bonnes surprises ! Le bien commun n’est jamais loin.

La fin de projet

  • Expédier le projet façon jet privé

RIP méthode participative. Autant s’avouer que vouloir plier ce genre de projet en quelques semaines n’est pas loin d’être malhonnête. Pour aller au-delà d’une simple réunion d’information et faire les choses bien, compter 6 mois minimum. Conclusion logique : appliquer la méthode participative à un projet sur un temps très court n’a pas beaucoup de sens.

  • Ghoster tout le monde après le dépôt du permis de construire 

Le projet sera peut-être achevé, mais en fait non. Proposer le bien le plus parfait ne sert à rien si les personnes ne savent pas comment s’y prendre pour acheter. Devenir propriétaire, cela implique des droits et des devoirs. Un accompagnement, en toute connaissance des besoins, est souvent ce qui permettra au projet de véritablement éclore. C’est l’un de nos engagements chez ekinov.

C’est fini ! N’hésitez pas à relire cet anti-guide avant chaque projet immobilier. Bien réalisée, la méthode participative fait des miracles et permet d’atteindre cet ékilibre vertueux qui nous est cher chez ekinov. Notre rêve ? Que cette méthode s’applique aussi systématiquement à l’échelle d’une ville, qui serait alors construite avec ses futurs habitants, de manière à traiter tous les besoins et enjeux dans leur globalité : économiques, sociaux et environnementaux. 

Faites appel à Ekinov, et on vous garantit qu’on fera tout sauf ce qu’on vient de décrire ici.

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